Le gouvernement a décidé de relancer la pêche professionnelle en eau douce alors qu'elle s'est effondrée avec le déclin des espèces migratrices. Les effectifs des professionnels, inférieurs à 300 aujourd'hui, ont perdu 25% en 8 ans. La relance passerait par exemple par l'exploitation du silure. Pour favoriser l'acceptabilité sociale de cette opération de grande ampleur qui doit concerner tout le territoire national, la préfecture et des parties prenantes (EPIDOR) ont communiqué depuis des années sur la prédation des amphihalins par les silures. Mais les rares examens des gonades des quelques aloses et lamproies retrouvées dans les estomacs de silures attestent que les proies avaient déjà frayé. Seul l'examen systématique des gonades mené par un spécialiste aurait pu valider l'hypothèse péjorative que ces proies ont été mangées avant la ponte. Pour l'instant et jusqu'à preuve du contraire, certains silures prédateurs opportunistes avalent quelques aloses et lamproies moribondes, qui meurent systématiquement après la ponte.
Malgré cette incertitude, et après une consultation expéditive et une pantomime de synthèse, une campagne de "pêche expérimentale" vient d'être lancée au droit des trois barrages de Bergerac, Tuilières et Mauzac, c'est-à-dire dans des réserves séculaires où l'on va déployer filets tramails, verveux et palangres. Comme le craint l'arrêté lui-même, les dommages collatéraux risquent d'être importants sur les migrateurs comme les saumons, mais aussi sur les brochets et les sandres. Le remède pourrait être bien pire que le mal allégué.
La poignée de pêcheurs professionnels que l'on va payer avec de l'argent public pour pêcher dans nos réserves vont ensuite commercialiser les silures pour leur propre compte. Et là, l'affaire prend une autre tournure puisqu'il a été publié des taux de 904 à 2017 ng/g de PCB dans la queue de silures de la Dordogne, alors que le taux réglementaire de mise sur le marché est de 125.
Rappelons enfin que pendant le confinement, les remontées d'amphihalins ont dépassé de très loin les statistiques, démontrant que les plus gros prédateurs restent les filets, et certainement pas les silures qui eux n'étaient pourtant pas confinés.